Sous la direction de Virginie VINEL
Sous la direction de Dominique JACQUES-JOUVENOT
Les mondes du renard. Renards, agriculteurs, chasseurs, naturalistes : étude d’une cohabitation.
Sous la direction de Dominique JACQUES-JOUVENOT et Sylvie GUIGON
La mobilisation des savoirs scientifiques au service des compétences entrepreneuriales
Cette recherche s’intéresse à l’essor des dispositifs d’accompagnement à l’entrepreneuriat dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) en France. Elle s’axe principalement sur les incubateurs de la recherche publique et les Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (PÉPITE). À partir d’observations effectuées lors de divers modules de formations, et d’entretiens menés auprès d’étudiants, de chercheurs et de formateurs, l’objectif de cette thèse est de comprendre comment peut-on devenir entrepreneur au sein de l’ESR. Question qui permet indirectement de questionner la transformation du rôle et des missions de l’Université (et plus globalement de l’ESR) aujourd’hui.
L’esthétisation de la démonstration scientifique : analyse socio-anthropologique du rôle des résidences d’artistes dans les laboratoires de recherche.
Sous la direction de Laetitia Ogorzelec-Guinchard.
Bien souvent considérés comme des domaines d’expression antagonistes, arts et sciences forment matière à collaboration. L’institutionnalisation contemporaine des collaborations arts et sciences prend la forme de dispositifs divers, tels que les festivals et résidences d’artistes, lesquels répondent en réalité à des enjeux scientifiques, sociaux, politiques, voire économiques. Bien que de nombreuses recherches en sciences sociales traitent de l’intérêt des collaborations arts et sciences ainsi que des modalités de leur mise en œuvre (sur un plan aussi bien pratique que théorique), elles ne laissent entrevoir qu’un aperçu partiel de ce qui se joue réellement « en situation » dans la collaboration des artistes et des scientifiques qui se rassemblent autour d’un projet commun : quelles relations effectives peuvent, en effet, se nouer entre pratiques artistiques et démarches scientifiques ? Quels sont les gains heuristiques visés ? Quel type de savoir ces coopérations produisent-elles ? Comment, très concrètement, peuvent s’articuler approche épistémologique et esthétique, ethos scientifique et artistique ? Ma thèse s’attachera à investir en qualité d’objet les modalités d’esthétisation de la démonstration scientifique en m’appuyant sur un fort ancrage empirique : l’analyse socio-anthropologique du rôle des résidences d’artistes dans les laboratoires de recherche scientifique.
Vers de nouvelles modalités d'implantation de l'éducation populaire dans des territoires reconfigurés : le cas des Francas du Doubs.
Sous la direction de Laetitia Ogorzelec-Guinchard et Virginie Vinel.
Cette thèse porte sur les nouvelles modalités d'implantation de l'éducation populaire dans des territoires reconfigurés, nous nous intéressons plus précisément au cas des Francas du Doubs. En effet, dans ce département l'association d'éducation populaire est confrontée à de nouvelles formes d'aménagement du territoire et donc à un tissu social métamorphosé. Dès lors, ces mutations imposent une réflexion socio anthropologique sur la manière de réenvisager localement l'éducation populaire au regard des nouvelles dynamiques sociales et territoriales. Si à l'origine le cœur du mouvement Francas était celui du « scoutisme laïque » (Pujol 2005), (exercice de la démocratie et de la laïcité républicaine auprès des enfants), la désignation de cet horizon ne semble plus réunir les acteurs engagés dans le fonctionnement des Francas (animateurs locaux, responsables des différents niveaux de l'association, élus locaux, mais aussi parents, enfants?). À cet égard, les responsables actuels parlent d'une « fracture » qui sépare les attentes des uns et des autres et fragilise le sens originel du mouvement dans lequel ils sont engagés. Dans ce cas, quelle démarche adopter ? Quels projets développer ? Cette recherche doctorale doit permettre l'identification des formes d'attachements à travers l'analyse du travail d'ajustement des attentes réciproques des acteurs concernés (animateurs locaux, responsables des différents niveaux de l'association, élus locaux, enseignants, parents, enfants?). De plus, elle vise à analyser les capacités d'ajustement de ces derniers en fonction des variations de contexte afin d'en tirer des préconisations et des perspectives de formation pour ces acteurs (incluant éventuellement des partenaires, des élus?).
Se faire mal au travail : socio-anthropologie du corps des employés de chez Lidl
Sous la direction de Florent SCHEPENS
Résumé :
Cette recherche s’inscrit dans le croisement entre la sociologie des groupes professionnels, la socio-anthropologie du corps et la sociologie du genre.
Dans cette recherche, on va s’intéresser au corps des travailleurs (plus particulièrement à celui des employés de magasin de chez Lidl) ; Peu abordé dans les recherches, le corps est pourtant un objet sociologique riche, et, puisqu’il est « façonné par le travail » (DENAVE & RENARD 2019), il est pertinent de l’étudier pour comprendre, au moins en partie, le fonctionnement et la culture d’une organisation.
Les salariés vont en effet, dès leur embauche , tenter de rendre leur corps apte à répondre au exigences professionnelles. Les employés de chez Lidl vont devoir se construire un corps endurant pour répondre aux exigences de rapidité et de performance imposées ce qui peut générer des troubles physiques (comme les troubles musculo-squelettiques) et psychosociaux (comme le stress par exemple). Le corps des salariés (y compris celui des femmes) va donc progressivement se muscler et parfois se blesser (plaies, brûlures...). Petit à petit, des normes de courage et de virilité (d’habitude réservé au milieu exclusivement masculin) vont se développer dans cet univers essentiellement féminin.
De manière générale, on attend pourtant que les corps des salariés en contact avec la clientèle se présentent bien, il y a une certaine mise en scène des salariés chargés de l’accueil et du service des clients (DENAVE & RENARD). Cette injonction à la présentation de soi est encore plus forte qu’il s’agit d’un groupe très féminisé. En effet, les femmes, selon les stéréotypes occidentaux, doivent être douces et s’éloigner de tout travail physique, susceptible de blesser leur corps et donc de les éloigner des critères de la féminité (un corps de femme avec des marques de brûlures, des plaies, ou qui se tient mal est déviant).
La recherche visera ainsi à comprendre le rapport à la santé, au corps et à la féminité des employés de chez Lidl.
Carrières des travailleuses et travailleurs du sexe. Socio-anthropologie d'un groupe social.
Sous la direction de Florent SCHEPENS
L'activité prostitutionnelle est légale en France, ce qui n'est pas le cas du proxénétisme ou ? des clients. Pour Lilian Mathieu (2000), le monde social de la prostitution n'est pas homogène tant du point de vu des identités sexuées (femme, homme, travesti?), que des lieux d'exercices (rue, véhicule, appartement, établissement clandestin?) ou des pratiques proposées et du rapport à la sécurité/santé. L'activité est fortement antagoniste (lutte territoriale) et concurrentielle. Pour Paola Tabet (1987), la prostitution est la version exacerbée des échanges économico sexuels qui sont la règle dans les relations homme/femme. Paola Tabet propose alors une anthropologie féministe analysant la prostitution sous l'angle de la domination masculine et du patriarcat. Si ces analyses sont valides, elles sont interrogées par l'association bisontine PDA (Putain Dans l'Ame) qui fédère des prostitués, ici appelé.e.s travailleurs et travailleuses du sexe (TDS). Dans une manifestation contre les feminicides, un des slogans de PDA était « Pute et soumise, si je veux ! ». Se réclamant d'un féminisme non-conforme redonnant une entière liberté sur les usages de leur corps aux femmes, PDA ne tente pas d'accompagner les TDS qui souhaiteraient se réorienter mais cherche plutôt à organiser l'activité en profession. Comme le montre Stéphanie Pryen, du fait de sa forte disqualification sociale, le travail du sexe « n'est pas un métier comme un autre » (Pryen, 2009 : 229). L'auteure relève pour autant tout un discours des prostitués tentant de subvertir la violence de leur activité à travers le discours de leur utilité sociale : oui leur activité est dangereuse à plus d'un titre mais, grâce à elles, il y a moins de viol, moins de violences faites aux femmes. Aux suites du master, nous savons que PDA va développer une rhétorique analogue cherchant à éduquer les hommes hétérosexuels dans leur rapport aux femmes, notamment en se souciant de leur apprendre ce qu'est le consentement. Les pratiques des TDS bisontines étonnent et dénotent avec les travaux sur le sujet : elles ne se cachent pas derrière un faux nom, des habits professionnels, un lieu d'exercice anonyme, les TDS semblent professionnaliser leur intimité personnelle et sexuelle. Ce qui ne les empêchent pas d'avoir une vie de couple par ailleurs. Pour Emmanuelle Santelli, les femmes utilisent la sexualité pour faire couple (quand les hommes sont capables de penser des rapports sexuels détachés de la possibilité du couple). Les TDS semblent pouvoir passer d'une sexualité de couple à une sexualité professionnelle. Quelles stratégies mettent-elles en place pour résister à leur activité ? Qu'en est-il des TDS hommes ? De plus l'activité semble choisie ? d'autres possibilités professionnelles s'offraient à elles.eux -, elle fait l'objet d'apprentissage, de désignation et d'habilitation. Il s'agira alors de s'interroger sur qui sont les TDS et sur les usages professionnels de la sexualité pour faire avancer la cause féministe.
Jardins et jardinages à l’ère des préoccupations environnementales : par-delà nature, culture et cosmos. Une comparaison France-Chine.
Sous la direction de Pascal DUCOURNAU
La montée des préoccupations environnementales en Occident est susceptible de modifier nos rapports à la nature, notamment en proposant de donner à celle-ci un rôle qu’elle n’avait pas forcément dans le cadre d’une ontologie naturaliste opposant Homme et nature (Descola, 2005 et 2011). Ce nouveau rôle « post-naturaliste » dévolu à la nature serait aussi en mesure d’impacter des conceptions et des usages du monde d’autrui.
Cette thèse vise ainsi à mieux comprendre les déplacements ontologiques et relationnels induits par les préoccupations environnementales sur les rapports à la nature dans des contextes éloignés mais particulièrement illustratifs de ces préoccupations. Plus précisément, il s’agit d’une comparaison entre le naturalisme occidental susmentionné, et un « cosmossisme » chinois désignant la fusion entre le Ciel et l’Homme dont l’on trouve les sources dans les pensées traditionnelles en Asie (Fei, 2002). Dans l’un et l’autre cas, les évolutions paraissent majeures.
Les espaces où l’on pratique le jardinage seront dans cette perspective particulièrement étudiées. En effet, les jardins représentent déjà en soi des lieux privilégiés pour observer les rapports Homme/nature (Chézaud, 2000 ; Vandermeersch, 2000). Par ailleurs, des dispositifs réglementaires invitent aujourd’hui de plus en plus les jardiniers à cultiver leurs plantes selon certaines normes environnementales.
Sur les deux terrains (Ville de Besançon et Village de Tengtou en Chine) qui se situent à l’avant-garde des appréhensions écologiques, il s’agit de mener des observations ethnographiques des pratiques de jardinage engagées par des jardiniers. Des entretiens semi-directifs seront également menés au cours desquels les jardiniers seront amenés à expliciter leurs rapports avec les plantes qu’ils cultivent et les représentations associées de ces dernières. Un questionnaire sera enfin utilisé dans le but de quantifier les représentations et pratiques observées.
Les conditions de travail des technicien.e.s du spectacle à travers la (non) consommation de drogues.
Sous la direction de Florent SCHEPENS.
Travaillant dans une salle de concert et sur les festivals de la région Bourgogne Franche-Comté en tant que barmaid pour financer ma thèse et menant une recherche sur les consommations de produits psychoactifs, j'ai mis en œuvre, sans que cela soit réellement intéressé dans un premier temps, une observation participante « discrète ». C'est après 1 an d'observation flottante que je me suis rendu compte de l'intérêt de travailler sur ce terrain.
En effet, la consommation de drogues sur le lieu de travail paraît normalisée pour un certain nombre de travailleurs dans le milieu culturel. Le technicien du spectacle a un travail qui use le corps. Les techniciens doivent porter des charges lourdes, sont soumis à des volumes sonores élevés et ont des horaires décalés. Selon le code du travail (article L 212-1) « la durée quotidienne de travail effectif par salarié ne peut excéder 10 heures ». Dans la réalité cela n'est pas appliqué. Les techniciens travaillant sur des festivals peuvent faire des journées de plus de 15h, parfois sans avoir 8h de repos entre 2 journées de travail. Un intermittent du spectacle doit avoir travaillé au minimum 507h dans les 12 mois pour prétendre aux allocations chômage ce qui peut l'obliger à accumuler de nombreuses heures sur de courtes périodes. Ils ne peuvent se permettre de refuser des contrats pour avoir le maximum de chance d'être rappelé.
Les techniciens doivent savoir jongler avec leur emploi du temps pour se rendre au maximum disponible et également élaborer une relation de confiance pour de futurs demandes (Schepens, 2013). Dans ce cadre, la consommation de produits psychoactifs (il est question dans cette recherche des 4 drogues les plus consommées en France, soit : le tabac, l'alcool, le cannabis et la cocaïne) (OFDT, 2022) n'est pas uniquement récréative mais a également pour but de pallier la pénibilité imposée par leurs conditions de travail. Cannabis et cocaïne, comme dans le bâtiment (Ngo Nguene, M. Loriol, 2015), permettent de pallier les douleurs et la fatigue. Cependant et contrairement à ce que démontre, Fabien Brugière (2016) au sujet des ouvriers aéroportuaires, les intermittents ne semblent pas lutter contre un mal-être au travail, leur activité reste le support de leur identité sociale (Loriol, 2015).
Je m'intéresse alors au « travail de santé » (Lhuilier, Waser, 2016) des techniciens qui les pousse à consommer des drogues pour résister et se maintenir en activité afin de préserver leur identité donc leur santé psychique (Doucet, 2016). Offrir un verre, une cigarette, une taffe dans un joint ou encore une trace de cocaïne, permet également de négocier les relations au sein du travail (Becker, 1982), que ce soir les artistes avec les techniciens pour avoir la plus belle lumière possible, un régisseur avec un technicien, pour lui donner envie de revenir travailler. Le produit psychotrope fait parti de l'ordre des négociations (Tessier, 1997). J'ai également pu voir un effet de génération.
Si les « anciens » se sont formés « sur le tas » car aucunes formations n'existaient (le DN MADE, diplôme nationale des métiers d'art et du design a été créé en France en 2018), les nouvelles générations sont passés par cette formation cadrée comme produire et diffuser les documents : planning, plans d'implantation sur des logiciels spécifiques, synoptiques, conduites, etc ; respecter et faire respecter la législation en vigueur (visant les travailleurs et le public) etc. Je ne peux dire qu'elles ne consomment pas sur le lieu de travail, mais ces nouvelles générations de techniciens, par soucis de préserver leur santé, consomment plutôt à la fin de leur service (dans le but de se détendre et de faire lien avec leur entourage professionnel), (Buscatto et all., 2008). C'est également pour garder la face et une bonne image auprès des futurs recruteurs, à l'instar des professionnels tel que décrit par M. Loriol (2017).